Economie tunisie

Conjoncture économique : Un bilan en demi-teinte

Alors que les prévisions de la Banque mondiale révèlent un net ralentissement de la croissance mondiale, la Tunisie s’efforce de tirer parti de ses atouts et d’une relative stabilité macroéconomique pour préserver sa trajectoire de développement. Mais les risques extérieurs s’accumulent…

La Presse — D’après les toutes dernières perspectives économiques mondiales publiées en juin 2025 par la Banque mondiale, l’économie mondiale évolue désormais sur une pente dangereusement inclinée vers une stagnation prolongée. Si les pays échappent, pour l’instant, à une récession globale, la croissance mondiale ne devrait pas excéder 2,3 % en 2025, un rythme qualifié de plus faible depuis 2008. 

Ce repli s’explique par l’exacerbation des tensions commerciales, une incertitude géopolitique persistante, et une montée du protectionnisme dans les principaux centres d’échange mondiaux. Près de 70 % des économies, toutes régions confondues, voient ainsi leurs prévisions de croissance revues à la baisse. Si cette tendance devait se prolonger, la décennie 2020-2027 pourrait devenir la plus atone en matière de croissance.

Face à cette conjoncture mondiale assez critique, la situation économique en Tunisie en 2025, notamment au cours du premier trimestre, est mitigée. 

La croissance connaît une reprise qui s’explique essentiellement par celle de l’agriculture et du tourisme, les autres secteurs enregistrent une croissance faible voire négative, en particulier les secteurs clés de l’industrie, à savoir le textile-habillement et cuir et les industries mécaniques et électriques, majoritairement exportateurs. 

Cette situation s’explique certes par le contexte mondial mentionné auparavant, contexte marqué notamment par l’incertitude en matière de politique commerciale et la faible croissance dans la zone Euro, partenaire principal de la Tunisie. Elle est due aussi à des facteurs endogènes, à savoir la faiblesse de la productivité et de la compétitivité globale de l’économie nationale.

Signaux d’amélioration

En ce qui concerne le secteur de l’investissement, il a enregistré quelques signaux d’amélioration, mais le niveau reste en deçà des attentes. 

En effet, les importations de biens d’équipement, indicateur important, largement corrélé avec l’investissement, ont augmenté de 18.3 %. L’encours des crédits à l’économie s’est inscrit en hausse graduelle au mois de février 2025, progressant de 3,2 %. Ce renforcement a concerné quasiment tous les secteurs. Les investissements directs étrangers (IDE) ont augmenté de 25,6 % sur un an durant le premier trimestre de 2025.

Les investissements dans l’énergie se contractent de 14,1 %, et les services subissent un repli de 11,5 %, à 74,8 millions de dinars.

Reste à préciser que des efforts devraient être déployés pour améliorer le climat des affaires et renforcer l’attractivité de l’économie en vue d’assurer une reprise significative de l’investissement et consolider la dynamique que connaissent les IDE de manière à assurer une croissance soutenue susceptible d’intensifier les créations d’emploi et de réduire le taux de chômage.

Par ailleurs, selon les indicateurs, la croissance du PIB s’est améliorée sous l’effet du bon comportement du secteur, agricole et du tourisme alors que, pour les autres secteurs la croissance continue à être atone notamment pour le secteur industriel. L’inflation diminue (5,9 %) mais demeure encore élevée pour l’alimentation et le taux de chômage baisse, bien que le marché de l’emploi demeure tendu pour les jeunes et les diplômés du supérieur.

Autre indicateur : « Le déficit de la balance des paiements s’est aggravé sous l’effet du creusement du déficit commercial, malgré la bonne tenue des recettes touristiques et des revenus du travail ». Ceci s’explique notamment par la forte augmentation des importations des biens d’équipement et des matières premières et semi produits pour accompagner la reprise de croissance et de l’investissement.

Détente du Budget de l’Etat  

Le budget de l’Etat a connu, de son côté, une détente. Il a dégagé, au premier trimestre 2025, un excédent de 2 milliards de dinars, en hausse de 74 % par rapport à la même période en 2024, selon la note du ministère des finances sur « les résultats provisoires de l’exécution du budget ».

Les statistiques font ressortir, également, un taux de croissance moyennant 1.6 % au premier trimestre. Un taux qui « demeure toutefois insuffisant pour concrétiser l’objectif de 3.7 % prévu par le Budget pour l’ensemble de l’année. La Banque mondiale prévoit, dans son rapport sur la situation économique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, une croissance de 1.9% pour la Tunisie en 2025 ». 

Le déficit de la balance commerciale s’aggrave 

Durant le premier trimestre de l’année 2025, les échanges commerciaux avec l’extérieur aux prix courants sont marqués par une baisse des exportations de 5.9 % alors que les importations ont augmenté de 5.5 % par rapport à la même période de 2024.

Il en est résulté une augmentation du déficit commercial qui s’établit à un niveau de (-5050,5 MD) contre (-3027,4 MD) durant le premier trimestre de l’année 2024.  Selon les secteurs d’activité, les exportations ont enregistré une baisse dans pratiquement tous les secteurs (énergie, industries agro-alimentaires, industries mécaniques et électriques, textile, habillement et cuirs, secteur des mines, phosphates et dérivés). 

Pour les importations, selon les groupements des produits, elles ont enregistré une augmentation au niveau des importations des biens d’équipement, des matières premières et des biens de consommation. 

Progression des billets et monnaie en circulation 

Les indicateurs monétaires au premier semestre 2025 sont marqués notamment par le niveau de l’activité et l’effet de la mise en œuvre de la nouvelle réglementation des chèques. Ainsi, les billets et monnaie en circulation progressent de 12.5 % sur un an. Cette hausse s’explique principalement par la promulgation de la loi sur les chèques et la suppression de la limite légale pour la détention des sommes en espèce et de l’exigence de justification pour la détention de fonds.


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