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Club de Paris : quel risque pour la Tunisie ?

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Dans une déclaration accordée à Mosaïque FM, jeudi 9 février 2023, le vice-président de la Banque mondiale (BM) pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Ferid Belhaj, a déclaré que la tutelle du Club de Paris nécessite forcément un accord préalable avec le Fonds monétaire international (FMI).

« La situation économique est sensible et si on arrive à obtenir l’accord et un programme avec le FMI, pourquoi recourir au Club de Paris. C’est un peu l’œuf et la poule. Il faut régler les problèmes et il y a des réformes à engager (…) La Tunisie n’est pas seule, tous ses partenaires veulent l’aider (…), mais la Tunisie doit aussi s’aider elle-même (…) Les réformes concernent la masse salariale et la compensation », a-t-il précisé.

 

On a demandé à deux experts s’il existe vraiment un risque d’entrer au Club de Paris vu la situation économique du pays : 

Pour l’économiste Aram Belhaj, il y a des risques car le Club de Paris passe inévitablement par le Fonds monétaire international. Ainsi, d’après ses dires, si le fonds fait son rapport sur l’analyse de la dynamique et la stabilité des dettes de la Tunisie, il peut statuer que la dette est insoutenable et exiger par conséquent, le passage par le Club de Paris, s’il conclut que la Tunisie est incapable d’honorer ses engagements et de rembourser ses dettes.

Aram Belhaj a rappelé le rapport du FMI du 2021 qui a déjà parlé des risques de l’économie tunisienne, et qui traduit l’évaluation du fonds de l’économie de notre pays. Il a par ailleurs appelé à des réformes économiques urgentes : « il faut appliquer des réformes de l’économie dans la fiscalité et pour les entreprises publiques… depuis 2021 on n’a pas vraiment vu des reformes ».

Aram Belhadj a qualifié le scénario du passage par le Club de Paris comme une étape grave « une mauvaise image de la Tunisie et c’est un très mauvais signal pour les investisseurs et les marchés ». Ainsi, il a fait appel à une stratégie économique plus solide qui mise sur le secteur du tourisme et sur le phosphate, et surtout un accord avec les organistions nationales notamment l’UGTT et l’Utica. 

  

 

Le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali a parlé surtout d’un volet politique concernant le scénario du Club de Paris en affirmant que « l’un des pays membres (permanent) du Club de Paris est Israël qui peut utiliser cette situation pour pousser vers la normalisation des relations entre les deux pays. Israël peut exercer une influence pour exiger la normalisation».

L’économiste a affirmé que les pays qui sont déja passés par le FMI ont une mauvaise réputation, tout en soulignant que l’économie tunisienne n’est pas celle du Liban ou du Ghana. « Nous n’avons pas besoin du Club de Paris. L’économie tunisienne est bien diversifiée et nous détenons des ressources naturelles ». Il a ajouté que la Tunisie se trouvera dans une situation très difficile pour financer son budget « c’est humiliant pour la Tunisie, ça sera un coup dur pour l’économie de notre pays ».

Pour Ridha Chkoundali la tunisie doit faire des réformes avant le mois de ramadan qui est bien connu par les grandes dépenses et les grandes importations. Il a assuré que pour sauver l’économie et échapper au scénario du Club de Paris, il faut une volonté politique, bien précisemment du président de la République Kaïs Saïed qui doit trouver une entente avec l’UGTT.

 

 

Selon la loi de finances 2023, la Tunisie doit verser 9,12 milliards de dinars au remboursement du principal de la dette intérieure et 6,67 milliards de dinars au principal de la dette extérieure. En contrepartie, la Tunisie prévoit 14,86 milliards de dinars d’emprunts extérieurs et 9,53 milliards de dinars d’emprunts intérieurs.

Le budget de l’État pour l’année 2023 a été fixé 69,286 milliards de dinars. L’État tunisien s’attend à engranger des recettes de 46,42 milliards de dinars à fin 2023, mais qu’il en dépensera 53,92 milliards de dinars, ce qui engendrera un déficit de 7,5 milliards de dinars. 

Les ressources budgétaires seront en grande partie issues des recettes fiscales avec 40,54 milliards de dinars et à hauteur de 5,53 milliards de dinars de recettes non fiscales, alors que 0,35 milliard de dinars proviendront de dons.

 

En 2021, la dette publique a été fixée à 107,8 milliards de dinars soit 85,5% du PIB. En 2020, le chiffre est de 93 milliards de dinars, soit 77,8% du PIB. En 2019, la dette s’élève à 83,3 milliards de dinars. 

 

Le Club de Paris est un organisme intergouvernemental qui a été créé en 1956 dans le but de faciliter la restructuration des dettes souveraines. Il réunit 19 pays et institutions financières internationales, dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui sont les principaux bailleurs de fonds des pays en difficulté économique.

 

L’objectif du Club de Paris  est de renégocier la dette des pays en développement ayant des difficultés de remboursement. Les onze membres d’origine sont désormais vingt : Australie, Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Irlande, Israël, Italie, Japon, Pays-Bas, Norvège, Russie, Espagne, Suède, Suisse, Royaume-Uni et les États Unis. D’autres pays créanciers peuvent occasionnellement participer.

 

Entre 1956 et 1980, seuls trente accords ont été signés par le Club. Avant 1976, le Club n’entendait même pas les demandes des pays dont la situation d’endettement n’était pas jugée suffisamment grave : seuls l’Argentine, le Brésil, le Cambodge, le Chili, l’Indonésie, le Pérou, le Pakistan et le Zaïre étaient reçus. Après la crise de la dette au début des années 1980, la charge de travail du Club s’est considérablement accrue. Entre 1981 et 2008, 373 accords ont été passés avec 83 pays débiteurs, le triste record étant détenu par le Sénégal, qui est apparu 14 fois, Madagascar 12 fois et la RDC 11 fois. Au total, plus de 500 milliards de dollars ont été restructurés ou annulés.

 

R.A

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