Chronique de la Byrsa: La BTS, au mépris de la loi
Je me souviens de la réflexion d’un grand tour-opérateur qui agissait sur la Tunisie dans les années 70 du siècle dernier et qui, parlant de l’infrastructure d’une destination qu’il chérissait pourtant, a déclaré : «un pays où il n’y a même pas de trottoirs… » S’il lui était donné d’y revenir aujourd’hui il verrait qu’il y a un peu plus de trottoirs mais que ceux-ci sont inaccessibles aux piétons et, pour sûr, il s’en arracherait les cheveux qu’il n’avait pas en abondance.
Depuis la glorieuse Révolution, on a assisté à une confiscation massive des trottoirs qui ont été annexés à des commerces divers pour leur servir de terrasse ou d’espace d’exposition de marchandises variées. Des extensions qui ont poussé les piétons à cheminer sur la chaussée ; à leurs risques et périls, au vu et au su des autorités qui se sont déclarées impuissantes à endiguer ce tsunami et à faire respecter l’organisation de l’espace public. Nous nous souvenons du ras-le-bol des usagers et de la fameuse campagne de «winou ettrottoir ?» menée principalement sur les réseaux sociaux. Le mouvement a fini par s’essouffler et les contrevenants ont poussé l’audace jusqu’à déborder sur la chaussée !
Une belle réalisation qui ne concède pas un empan (chbirr) pour permettre aux piétons de longer l’établissement sur une bonne vingtaine de mètres
Tout cela, me dira-t-on, est bien connu et est pour ainsi dire entré dans les mœurs. Alors, quoi de nouveau ?
Le nouveau ne concerne pas tant la pratique que l’acteur qui s’y est livré. Inattendu ? Surprenant ? Scandaleux ? A vous de juger.
L’autre jour, passant par l’avenue Mohamed V à hauteur de la Banque tunisienne de solidarité (BTS), j’ai été amené à quitter la portion de trottoir allouée aux piétons pour contourner un chantier qui avait débordé sur la chaussée, comme cela arrive de plus en plus fréquemment. La banque en question a décidé d’embellir son entrée et a mis en chantier des travaux pour la doter de carrés de verdure agrémentés de plantes d’ornementation. Un très beau tableau, assurément. Le problème est que cette belle réalisation ne concède pas un empan (chbirr) pour permettre aux piétons de longer l’établissement sur une bonne vingtaine de mètres. Pas un pouce ! L’usager est obligé, à ce niveau, de marcher sur la chaussée.
Les questions qui se posent : de quel droit la BTS agit-elle ainsi ? Le plan d’aménagement de cette entrée a-t-il été soumis aux services compétents de la mairie de Tunis ? La BTS a-t-elle obtenu l’aval de ces services et, dans ce cas, ceux-ci n’ont-ils pas outrepassé la loi ?
Nous attendons des réponses.
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