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CAN 2022 : le Sénégal file, pour la deuxième fois de suite, en finale

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Avec « Le Monde Afrique », suivez la CAN 2022 sur WhatsApp Le Sénégalais Idrissa Gana Gueye (à gauche) face au Burkinabé Boureima Hassane Bandé en demi-finale de la CAN, à Yaoundé le 2 février 2022. DANIEL BELOUMOU OLOMO / AFP

C’est une obsession nationale. Un songe qui se transmet de génération en génération depuis la nuit des temps. Ce rêve, c’est celui d’une étoile qui viendrait illuminer toute une nation ; celle qu’on confie aux vainqueurs de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Depuis sa première participation à ce tournoi, en 1965, le Sénégal ne l’a jamais arrachée, malgré deux finales perdues de justesse, en 2002 et en 2019. Mercredi 2 février, à 20 heures, les Lions de la Teranga affrontent le Burkina Faso, au stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé, pour la cinquième demi-finale de leur histoire. Une occasion de se qualifier pour le match ultime de cette compétition et de ramener la coupe à la maison. Ce rêve va peut-être se concrétiser : le Sénégal a terrassé son adversaire 1-3 dans un duel de folie.

Sous la brise équatoriale, les joueurs, menés par Sadio Mané, n’avaient pas le droit à la défaite face aux virevoltants Etalons : seule la gagne compte, peu importe la manière. Et comme l’a si bien dit Aliou Cissé, le sélectionneur, il faut d’abord passer « l’obstacle burkinabé » avant d’espérer le triomphe tant attendu.

Le match commence. Sur la pelouse arrosée par une longue pluie, quelques heures plus tôt, il y a du respect et de la tension. Dès les premières minutes, les équipes ne lâchent rien. Coup pour coup. Tir pour tir. Dribble pour dribble. Quand ce n’est pas Bertrand Traoré qui fait paniquer la défense des Lions, c’est Sadio Mané – craint – qui peut à tout moment marquer. On croit que le Sénégal domine, mais les Etalons – décomplexés, libérés et motivés par l’instabilité politique dans leur pays – déplient un football de vitesse, de contre, même si certaines actions restent brouillonnes. Les tirs finissent dans les tribunes ou dans les gants de Benjamin Mendy ou de Kouakou Koffi.

Puis la demi s’emballe : sur un ballon en profondeur, Koffi s’envole loin de ses cages et, en dégageant du poing le cuir, le gardien burkinabé vient heurter méchamment Cheikhou Kouyaté (28e). Les deux hommes se retrouvent au sol. Penalty sifflé. Vraiment ? Après avoir consulté l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR), l’arbitre éthiopien, Bamlak Tessema, l’annule. Koffi, qui a réalisé un superbe tournoi, doit néanmoins sortir sur blessure, remplacé par sa doublure. Coup dur.

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Juste avant la pause, Edmond Tapsoba repousse la frappe du Sénégalais Idrissa Gueye de la main. Penalty sifflé. Vraiment ? L’arbitre consulte une deuxième fois l’écran de l’assistance vidéo et annule encore la sanction : le bras du défenseur était collé au corps. Le public gronde. Fin de la première mi-temps. Le duel est équilibré ; les Burkinabés croient ardemment en leur chance. Les Sénégalais, comme depuis le début du tournoi, n’arrivent pas à déployer un jeu flamboyant. Les Lions jouent à se faire peur comme face à la Guinée équatoriale, au tour précédant (3-1). La domination n’est pas franche ; seul Mané peut certainement faire la différence…

Les gradins se remplissent doucement, les djembés ont remplacé les vuvuzélas. Infatigables, les supporteurs sénégalais continuent de danser tels des métronomes. Le match reprend. Tendu. Indécis. Les Etalons continuent leur chevauchée vers la surface adverse. Le Sénégal se reprend, pose ses passes et apparaît physiquement plus solide. Sur un corner, Kalidou Koulibaly tente un retourné qui termine dans les pieds de son partenaire de défense : Abdou Diallo n’a plus qu’à pousser le ballon et marquer (70e). Les tribunes explosent. Le but du jeune joueur du Paris-Saint-Germain (PSG) – son premier en sélection – semble libérer les Lions. Quelques minutes plus tard, Nampalys Mendy tente même une frappe enroulée de loin ; Pape Gueye n’est pas loin de doubler la mise de la tête.

Un Parisien peut en cacher un autre. Le fulgurant Sadio Mané s’arrache pour récupérer le ballon dans les pieds d’un défenseur, l’efface et sert Idrissa Gueye. Le milieu du PSG double la marque (76e). On croit alors que le Sénégal va croquer son adversaire ; mais les Etalons continuent de pousser. Ibrahim Blati Touré réussit à réduire l’écart en marquant du… genou (82e).

Le duel est fou. Bertrand Troré espère recoller au score ; mais une nouvelle fois, la lumière va venir du guide du Sénégal. Au bout d’une contre-attaque éclair, Sadio Mané conclut d’un tir piqué (87e) : 1-3. Dans la tribune de presse, les journalistes sénégalais, hystériques, n’arrivent pas à contenir leur joie et se jettent dans les bras. C’est la fin de la confrontation : les Lions filent en finale, comme en 2019. Comme en 2002.

« Une attente populaire, médiatique et politique »

« L’attente est immense », note Cheikh Fantamady Keita, journaliste sénégalais au quotidien Le Soleil. Comment le contredire ? Quatre-vingt-cinq reporters – dont dix-neuf femmes – sont venus de ce coin du continent pour couvrir la Coupe d’Afrique, suivant de très près l’équipe nationale. « Une attente populaire, médiatique et politique », précise M. Keita. En effet, Macky Sall, le président de la République, avait demandé à la sélection, avant qu’elle s’envole pour le Cameroun, « la victoire ». Et que dire du ministre des sports, Matar Ba, qui ne lâche pas des yeux les Lions au Cameroun ?

« C’est cette année ou jamais, ajoute l’envoyé spécial du Soleil. L’équipe est arrivée à maturité. Certains internationaux jouent ensemble depuis les Jeux olympiques de 2012. Des garçons comme Sadio Mané, même s’il n’a que 29 ans, vieillissent. Il est temps que cette génération remporte le titre continental. » Même le sélectionneur Aliou Cissé – qui était alors entraîneur adjoint aux Jeux de Londres – en convient : « Nous sommes proches (…). Nous avons espoir que cette étoile viendra et que ce soit au Cameroun », a-t-il déclaré, la veille du match. Puis il a ajouté : « Une chose est sûre : on n’a jamais douté de ce que nous sommes capables de faire. Ce groupe est motivé et conscient aujourd’hui qu’ils sont capables d’écrire l’histoire. »

Ce soir, au stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé, les Lions se sont réveillés. Enfin.

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