Economie tunisie

Afef Boulares, Orange Fab Manager, à La Presse: «L’accélérateur corporate, pour la transformation des startup»

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Dans l’écosystème des startup, les accélérateurs et les incubateurs sont deux programmes qui offrent des environnements collaboratifs et des mentorats, mais chacun d’eux a des objectifs différents. Afef Boulares, Orange Fab Manager, nous en dit plus dans cet entretien.

A la base, Orange Digital Center est un concept dédié à l’accompagnement numérique et à l’innovation. Comment cette entité a-t-elle réussi à réunir dans un même espace plusieurs programmes stratégiques ?

On peut définir le dispositif Orange Digital Center comme un ensemble des centres d’accompagnement et de développement des compétences numériques, qui est composé de plusieurs programmes.

Je cite tout d’abord «l’Ecole du code» qui est un centre technologique et qui offre des formations numériques gratuitement à une cible large et diversifiée, à l’instar des enfants (initiation à la programmation et à la robotique), les étudiants (introduction de programmes spécifiques liés au numérique et au digital) et les jeunes diplômés ou professionnels (à travers la mise en place de formations et de séminaires certifiants liés toujours à des enjeux spécifiques de la transformation numérique). C’est dans cet espace où on forme gratuitement les jeunes sur tout ce qui est développement mobile, web, gaming…, ce qui leur permet, à un âge précoce, de travailler sur des projets réels et de réduire la fracture numérique. En effet, en 2010, quand on a lancé l’Ecole du Code (baptisée à l’époque Orange Developer Center), il n’y avait pas beaucoup d’acteurs sur le marché qui formaient pour le développement mobile. L’idée d’Orange était donc de former et d’appuyer ces gens et même on a pu créer des partenariats avec les universités, pour aller former dans le cursus universitaire des ingénieurs gratuitement.

On a aussi les «FabLabs Solidaires» qui ont été créés pour le prototypage des idées de projets. Ce sont des lieux d’innovation permettant de comprendre et de s’approprier les technologies numériques dans un mode original, collaboratif et de partage pour développer des compétences numériques et se préparer aux métiers de demain. «Orange Fab» est l’accélérateur corporate de startup et l’objectif principal derrière sa création était de signer des contrats avec les startup pour qu’elles deviennent un fournisseur à l’opérateur grâce à un service à valeur ajoutée. C’est un espace ouvert gratuitement pour toutes les startup, de la formation à l’encadrement jusqu’à trouver des marchés.

La troisième brique complémentaire à ce dispositif, c’est le fonds d’investissement d’Orange. «Orange Ventures» est un outil capable d’aider les startup à booster leur projet. Ce fonds n’est pas ouvert seulement aux startup qu’on accélère au niveau d’Orange Fab, mais à tout l’écosystème de startup dans notre pays. D’ailleurs durant les dernières sessions, plus de 60% des startup ne font pas partie de l’écosystème Orange Digital Center. Ainsi si on voit le potentiel et la solidité de la startup, on lui donne cette chance pour la levée de fonds.

Dans l’écosystème des startup, on parle souvent des incubateurs. Mais qu’est-ce qu’un accélérateur corporate et quel est son rôle ?

Tout d’abord, il est important de souligner qu’Orange Fab fait partie de la Responsabilité sociétale d’Orange et même avant la création de cette entité, à l’époque, il y avait un concours dédié aux startup qui est le Prix Orange de l’entrepreneur social en Afrique et Moyen-Orient (lancé depuis 2011), ayant comme objectif d’appuyer les startup à impacts sociaux et environnementaux dans divers secteurs tels que la santé, l’éducation, le e-commerce, l’agriculture…

Pour aller encore plus loin, tout l’écosystème de l’entrepreneuriat s’est réuni autour de la même table et un constat a été établi depuis un bon moment ; les startup, avec leurs idées innovantes, avec leurs produits finalisés…, n’arrivent pas à les vendre et à les commercialiser. Il n’existe pas de grandes entreprises qui croient en ces startup et qui sont prêtes à acheter leurs produits/services. Donc, ce qui manque, ce sont les grandes structures qui croient en cet écosystème, en compétences tunisiennes…, pour enfin acheter leur produit. D’où l’idée de créer «Orange FabLab» qui joue le rôle d’un pont entre la startup et la structure afin d’amener un business avec le groupe et faciliter la procédure aux startup tout en leur offrant plus de crédibilité, mais le tout avec des critères bien déterminés, pour faire réussir ce passage entre la théorique et la pratique.

Pour toutes ces raisons, on est très sélectif dans ce projet avec un processus durant lequel on fait le diagnostic nécessaire pour identifier le potentiel de la startup, les points faibles et les points forts de chaque projet pour passer ensuite aux recommandations, actions souhaitées, modifications nécessaires… Donc, on se rassemble ensemble pour réfléchir aux new skills pour savoir ce qu’on peut implémenter par rapport à la solution pour réussir à apporter une valeur ajoutée au business de l’opérateur.

Aujourd’hui en tant qu’Orange Tunisie, on fait de l’open innovation en ouvrant la porte aux startup externes, pour leur apporter les solutions et les intégrer au sein de l’opérateur, ce qui leur permet d’améliorer leur chiffre d’affaires car l’innovation n’attend pas et c’est plus bénéfique avec des compétences tunisiennes. C’est un coup de pouce considérable pour l’écosystème des startup tunisien.

Et ce qui diffère l’incubateur de l’accélérateur ?

A ce niveau-là, il est important de souligner que l’incubateur et l’accélérateur ont vocation à aider les porteurs de projets innovants à développer leur startup, c’est-à-dire à construire et faire mûrir leur idée de manière concrète. Malgré cet objectif commun, ces deux structures interviennent à différents stades de maturation du projet d’entreprise.

Si l’incubateur intervient à la genèse du projet (de l’idée en passant au concept, à la version exploitable et donc à la création d’entreprise), l’accélérateur corporate est un outil efficace au service de la transformation des entreprises car il permet de mieux comprendre l’environnement, les innovations et les nouveaux usages des clients, de mobiliser les équipes en interne et de multiplier leurs interactions, de générer de l’adhésion et de l’engagement autour d’un nouveau projet d’entreprise… Il va proposer un accompagnement sur mesure pour suivre l’entreprise innovante sur tous les aspects (croissance, problématiques entrepreneuriales…). Certains accélérateurs proposent un suivi renforcé du projet et d’autres vont suivre et conseiller l’entreprise partiellement en fonction de ses besoins et de ses demandes en termes d’accompagnement.

Les startup vont donc bénéficier d’un coaching ou mentorat avec un chargé d’accompagnement dans toutes leurs problématiques business. Ces startup vont être aidées dans leur recherche de financement (par exemple à lever des fonds en série A ou série B). Elles vont être accompagnées dans leur structuration d’entreprise, dans l’industrialisation de leur produit, leur gestion des ressources humaines ou dans leur définition de modèle commercial. Elles vont être aidées à lever les freins pour exporter leur produit ou service à l’international.

Pour résumer, l’intervention de l’incubateur est au stade de création de la startup puisqu’on parle là d’une structure d’accompagnement dédiée au lancement de projets novateurs. Et si les incubateurs accompagnent les startup lors des premières étapes de développement, les accélérateurs les aident à offrir leurs solutions innovantes à grande échelle. L’accélérateur propose donc des programmes d’accompagnement aux startup, leur permettent d’accomplir en quelques mois ce qui prendrait des années à défaut d’accompagnement grâce à des réseaux solides. C’est aussi une structure qui permet aux grands groupes de conserver, à moindre coût, une longueur d’avance en matière de R&D. Ces grandes entreprises se donnent d’ailleurs la possibilité d’entrer au capital des startup accompagnées. Orange, l’un des précurseurs à l’échelle internationale, a implanté son FabLab en Tunisie depuis 2016 et aujourd’hui, cette entité a démontré sa capacité à accompagner des startup iconiques dans leur conquête de larges marchés.

Quels secteurs vous intéressent en priorité ?

Tous les secteurs peuvent être concernés : RH, marketing, marketing digital, service, culture… Aujourd’hui, notre portefeuille contient 30 startup dans divers secteurs. Parmi les premières startup sélectionnées, on cite Wattnow, qui propose une solution IoT (Internet des objets) qui permet de surveiller, d’analyser et d’ajuster en temps réel la consommation des appareils électriques, et ce, en réduisant leurs coûts ainsi que leur empreinte carbone. Au cours des 4 dernières années, la solution WattNow a connu un grand succès et en 2022, la startup a obtenu un tour de financement de pré-série A de 1,3 million de dollars auprès d’investisseurs internationaux et locaux réputés. WattNow a fait évoluer son travail. Aujourd’hui elle a été appelée pour rencontrer les équipes d’Orange Egypte pour la signature d’un contrat après avoir présenté ses réalisations au niveau d’Orange Tunisie. Autrement dit, les filiales d’Orange dans le monde veulent copier cette expérience réussite et la dupliquer dans les pays où le groupe est présent, ce qui est une fierté en soi et bénéfique pour les startup dans notre pays.

Je cite aussi l’exemple de Dabchy.com, qui est le premier site e-commerce vide-dressing en Tunisie. C’est là où les «Dabchouchas» s’adonnent à leur plaisir (vendre ou acheter des vêtements tout en faisant des économies). Ainsi, Dabchy et le marché de seconde main bénéficient de cet essor puisque cette application répond pertinemment aux besoins de ses utilisateurs, qui cherchent à gagner de l’argent en vidant leurs dressings en ligne et à consommer une mode plus durable en réalisant des économies. Et c’est l’accélérateur Corporate «Orange Fab Tunisie» qui avait repéré la startup Dabchy.com, lors du concours MEA Seed Challenge d’Orange Ventures. Dabchy a été, en effet, la première startup tunisienne à bénéficier d’un financement du fonds d’investissement d’Orange. En 2020, Dabchy a remporté le MEA Seed Challenge d’Orange Ventures, le fonds d’investissement d’Orange, et a partagé 670.000 euros avec des startup lauréates d’autres pays. A ce jour, Dabchy a déjà bénéficié de 550.000 $ de financement et la startup qui envisage de s’ouvrir au Moyen-Orient prévoit aussi de lancer un «service VIP» pour authentifier des vêtements ou des accessoires de luxe.

Un autre exemple : Historiar qui est une startup du secteur des technologies innovantes et qui apporte des expériences XR innovantes, mobiles et portables, à des sites de toutes sortes (sites archéologiques, arènes publiques, paysages historiques, parcs culturels…). C’est une startup dans le domaine de l’e-culture, qui reconstitue les sites archéologiques et patrimoniaux grâce à la réalité mixte et l’intelligence artificielle (IA). En 2022, Orange Tunisie et Historiar ont expérimenté un des cas d’usages de la technologie 5G sur le site archéologique de Dougga. Grâce à la réalité augmentée, mixte et virtuelle et l’apport de la 5G, les personnes présentes sur place ont pu voyager à travers plusieurs siècles pour une immersion totale dans le passé de Dougga. Ce produit Historiar ouvre la porte à une nouvelle consommation du contenu culturel qui pourrait apporter une vraie valeur ajoutée au tourisme tunisien.

Tout ce qui a été dit est considérable mais l’innovation n’attend pas… Qu’est-ce que vous avez projeté pour le futur? Et comment évaluez-vous aujourd’hui Startup Act ?

Chaque startup rêve de l’international. Ceci est encore vrai avec un marché de test très petit et limité comme le nôtre. Et chaque startup rêve de grandir encore et encore. Pas mal de startup ont, bel et bien, réussi à faire des avancées à l’échelle internationale. C’est avec cet esprit innovant et créatif qu’on avance. Donc notre priorité est, et restera, l’accompagnement des startup pour la conquête  d’autres marchés et derrière, on aimerait bien voir des icônes d’Orange. On est capable d’y arriver et on continue toujours à croire à notre potentiel.

Pour Startup Act, tout d’abord, avoir un cadre légal est une première et une fierté. D’ailleurs beaucoup de pays africains sont en train de le copier pour le dupliquer à travers un benchmarking sur la Tunisie. Mais dans le monde de startup, l’évolution se fait rapidement. Donc, le cadre doit, lui aussi, évoluer pour s’adapter à la réalité du terrain et aux exigences de la situation. Aujourd’hui, on commence à parler de Startup Act 2.0 qui est capable de faire évoluer les choses et, donc, il faut l’adapter encore plus pour suivre l’accélération des startup elles-mêmes car le monde de l’innovation n’attend pas et les lois doivent être en mesure par rapport à cette évolution.

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